« L’homme, seul, nu. » Présentation de l’oeuvre de Cyril Goury-Laffont

(c) Cyril Goury-Laffont

L’homme, seul, nu.

L’homme, seul, nu.

Bien sûr, les peintures de Cyril Goury-Laffont pourraient être qualifiées de figuratives et contemporaines. Bien sûr, on y reconnait sans détour une forme humaine devant un fond neutre. Bien sûr, elles traitent de la solitude et de la finitude. Mais bien plus encore.

Elles poignent. Non par la froide exhibition de la désespérante chair humaine. Non par le bouillant éclatement de l’homme morcelé. L’emploi du tracé et de la couleur ne détermine ni ne délimite. La matière picturale informe l’humain plus qu’elle ne le montre ni ne le créé.
Entre tracé et espace indéfiniment ouvert, entre ce fond sans fin et cette forme sans assise, le corps humain n’est ni matière ni symbole. Désindividualisé mais profondément habité, il est le lieu subtil où intériorité et extériorité se jouent. Où l’homme est informé du fond duquel il surgit. Où le corps est matière vivante: ni somme secréte de muscles devinés sous la surface peau, ni chair à vif criant une angoisse intime.
L’homme y est une boule de chair qui affleure et erre. Ces peintures ne figurent ni l’homme, ni le corps. Mais la liquidité de la chair qui s’informe dans un mouvement spontané, indéterminé et sans fin. L’humain ne se joue donc pas directement dans la figuration de l’angoisse – même si ces peintures provoquent ce sentiment.

Chez Cyril Goury-Laffont, l’humain se joue ainsi dans cet échange instable du corps sentant et du corps senti. La peinture se joue dans l’écho de la matière, entre intimité et représentation. L’art se joue dans cet affleurement vertigineux. Il ne s’agit ni d’exhiber ni de deviner l’homme. Il s’agit de le provoquer.
Comme un accident.

janvier 2008

http://www.goury-laffont.com/